Quels pays misent sur le nucléaire en 2025 ?

En 2025, quels pays dominent l’investissement nucléaire mondial ? Sur les 63 réacteurs en construction, près de la moitié s’élèvent en Chine, révélant une stratégie offensive pour allier sécurité énergétique et neutralité carbone d’ici 2060. L’Union européenne, avec un besoin estimé à 241 milliards d’euros d’ici 2050, mise sur la modernisation de son parc (98 GW en 2025, 109 GW en 2050) et les petits réacteurs modulaires (SMR). Tandis que les États-Unis, le Royaume-Uni ou la Russie rivalisent en exportations technologiques, découvrez comment ces choix redessinent la carte énergétique mondiale, entre urgence climatique et enjeux géopolitiques, avec des marchés émergents comme l’Inde ou la Turquie en première ligne.

La Chine, fer de lance de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires

En 2025, la Chine domine le nucléaire civil mondial. Sur les 63 réacteurs en construction, près de la moitié sont situés en Chine. Ce rythme marque un tournant dans le déploiement de l’énergie nucléaire, avec des conséquences stratégiques pour l’approvisionnement énergétique et l’innovation technologique.

La montée en puissance de la Chine s’explique par trois piliers :

  • Sécurité énergétique : Réduire sa dépendance aux importations de charbon, gaz et pétrole, qui représentent encore 60 % de sa production électrique. En 2025, Pékin vise à stabiliser son mix énergétique en priorisant des sources locales et fiables.
  • Objectifs climatiques : Atteindre la neutralité carbone d’ici 2060. Le nucléaire, associé aux renouvelables, stabilise la production face à l’intermittence éolienne et solaire. D’ici 2035, la Chine prévoit de doubler sa capacité nucléaire installée.
  • Leadership technologique : La Chine exporte ses réacteurs Hualong One (HPR1000), un modèle de troisième génération, et s’affirme sur les marchés internationaux, notamment via son initiative « Ceinture et Route ». Ce projet inclut la centrale de Chashma 5 au Pakistan, un modèle de coopération technique et financière.

Ce déploiement accélère sa puissance nucléaire installée. Avec 31–32 réacteurs en chantier, la Chine pourrait dépasser la France (16 réacteurs opérationnels) puis les États-Unis (92 réacteurs) à long terme. Son parc existant, déjà le troisième mondial avec 54 réacteurs, produit 340 TWh/an, soit 5 % de sa consommation électrique.

Répartition des réacteurs en construction en 2025 :

Pays Réacteurs en construction
Chine 31–32
Économies émergentes (total) 47
Mondial 63

La Chine redéfinit les standards du secteur. Son modèle, combinant financement public massif (241 milliards d’euros en 2025 pour les projets nucléaires) et innovation industrielle, inspire de nombreux pays en développement. Elle étend aussi son influence via des bourses comme le « Atomic Energy Scholarship of China », formant annuellement 200 ingénieurs étrangers à la sûreté nucléaire. Ce positionnement renforce sa voix dans les régulations de l’AIEA et place le nucléaire chinois comme une référence technique et économique pour les décennies à venir.

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Panorama mondial : les économies émergentes et les puissances historiques

La Chine domine les nouvelles constructions nucléaires, mais un autre acteur majeur se distingue par sa double capacité à déployer des réacteurs civils et à projeter son influence stratégique : la Russie via Rosatom. Ce géant étatique russe figure en première position des exportations de centrales nucléaires, un rôle qui renforce son influence géopolitique dans des pays en développement énergétique.

Alors que les nouveaux projets nucléaires se multiplient principalement dans les économies émergentes, la Russie capitalise sur son expertise en réacteurs VVER pour sécuriser des contrats dans des zones à enjeux géopolitiques. La construction de la centrale d’Akkuyu en Turquie, entièrement financée par Moscou, ou celle de Rooppur au Bangladesh illustrent cette stratégie d’exportation agressive.

État des parcs nucléaires de pays clés en 2025 (données estimées)
Pays Réacteurs en activité Puissance installée (GW) Réacteurs en construction
Chine 56 56,2 26
États-Unis 92 94,6 2
France 56 61,4 1
Russie 37 29,9 3
Inde 25 8,9 11

L’Inde, deuxième pays en termes de réacteurs en chantier, poursuit un développement autonome avec ses PHWR locaux, tout en collaborant avec la Russie pour les unités 3-6 de Kudankulam. Cette approche hybride illustre le modèle d’adoption croissante dans les pays émergents : allier technologies étrangères et production locale.

À l’opposé, les États-Unis, détenant le plus grand parc nucléaire avec 92 réacteurs opérationnels, concentrent leurs investissements sur la prolongation de vie de leurs installations vieillissantes plutôt que sur de nouveaux chantiers. Cette stratégie de modernisation contraste avec la dynamique des émergents, mais maintient un avantage technologique crucial via le développement d’AP1000 et de SMR (Small Modular Reactors).

Le positionnement de Rosatom comme premier exportateur mondial s’explique par plusieurs facteurs : des financements clés en main (comme à El Dabaa en Égypte), une offre technologique standardisée (VVER-1200), et un modèle « Build-Own-Operate » innovant appliqué à Akkuyu. Les spécificités techniques des réacteurs russes sont particulièrement adaptées aux marchés émergents, combinant sécurité renforcée et coûts réduits de 20 à 30 % par rapport aux standards occidentaux.

L’Union européenne adopte une stratégie nucléaire centrée sur la modernisation de son parc existant et des projets à long terme. Contraire à l’approche expansive de la Chine, l’UE mise sur la prolongation de la durée de vie des réacteurs et des constructions planifiées pour garantir sa transition énergétique.


Investissements et prolongation des réacteurs

Le Programme indicatif nucléaire (PINC) de 2025 fixe un besoin d’investissements de 241 milliards d’euros d’ici 2050. Ces fonds serviront principalement au « grand carénage » des réacteurs vieillissants, à leurs mises à niveau en matière de sûreté, et à la construction de nouveaux réacteurs comme l’EPR2 en France.

L’objectif est d’augmenter la capacité nucléaire de l’UE, passant de 98 GW en 2025 à 109 GW en 2050. Cette croissance modeste compense les fermetures de réacteurs anciens tout en intégrant progressivement des unités plus performantes.


Alliance nucléaire et souveraineté énergétique

L’Alliance du Nucléaire, regroupant 12 États membres, vise à renforcer la coopération européenne. Elle inclut des pays comme la France, la Pologne, la Suède ou la Finlande, unis autour de la neutralité carbone et de la souveraineté énergétique. Cette alliance facilite les échanges techniques et les projets communs, réduisant la dépendance aux énergies fossiles et aux fournisseurs extérieurs.

Les priorités de cette alliance résident dans le développement des Petits Réacteurs Modulaires (SMR), l’innovation technologique, et la formation de main-d’œuvre spécialisée. Elle s’inscrit dans un cadre visant à la fois la sécurité énergétique et la compétitivité industrielle.


Rôle dans la transition énergétique

Le nucléaire est un pilier de la décarbonation européenne. Grâce à sa production bas-carbone et constante, il permet de stabiliser le réseau face à l’intermittence des énergies renouvelables. Pour en savoir plus sur son rôle, le rôle du parc nucléaire dans la transition énergétique offre une analyse détaillée.

Cet engagement nucléaire s’aligne avec les objectifs climatiques européens, notamment REPowerEU et le Clean Industrial Deal. Il combine investissements massifs, renforcement des normes de sûreté, et intégration de technologies émergentes pour un mix électrique décarboné et résilient.

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L’avenir de l’investissement : les petits réacteurs modulaires (SMR)

Les Petits Réacteurs Modulaires (SMR) transforment le secteur nucléaire. Ces unités compactes, inférieures à 300 MWe, sont fabriqués en série en usine, puis assemblés sur site. Cette méthode industrielle diminue les coûts et les délais de construction, ouvrant des opportunités pour des investisseurs variés.

  • Coût initial réduit et financement facilité
  • Construction standardisée et plus rapide
  • Sûreté passive intégrée
  • Adaptabilité à différents besoins et sites

Les États-Unis et la Russie dominent le développement des SMR, avec 18 projets chacun selon l’AIEA. Aux États-Unis, NuScale avance sur une centrale de 12 modules de 60 MW, dont la mise en service est prévue en 2026. La Russie a démontré la viabilité des unités flottantes avec l’Akademik Lomonosov opérationnel depuis 2019. Le Canada et le Royaume-Uni avancent, mais les deux géants dominent.

Les SMR redéfinissent les nouveaux modèles économiques du secteur. Microsoft, Google et Amazon collaborent avec des startups innovantes comme TerraPower et Kairos Power pour sécuriser des capacités énergétiques stables. Ces partenariats illustrent le basculement vers des financements hybrides. L’AIE souligne leur potentiel pour attirer des capitaux privés, un secteur historiquement verrouillé par des coûts élevés.

Cependant, le déploiement des premiers SMR reste freiné par des défis. La standardisation réglementaire peine à suivre l’innovation, ainsi que l’accès limité à l’uranium enrichi haute teneur (HALEU). Les risques de surcoûts, comme ceux des premiers prototypes, dissuadent encore les banques. En 2025, les réacteurs classiques dominent le mix mondial, mais la révolution modulaire se profile. D’ici 2030, des succès commerciaux pourraient redistribuer les priorités de l’investissement nucléaire, avec les États-Unis et la Russie en tête.

Pour comprendre les bases techniques des SMR, consultez notre guide détaillé. Certains projets, comme le SFR ou le LFR, exploitent des concepts de réacteurs de génération IV, optimisant la gestion des déchets et l’efficacité énergétique.

En 2025, la Chine domine la construction nucléaire avec près de la moitié des réacteurs en chantier pour la sécurité énergétique et la neutralité carbone. Les projets se concentrent dans les pays émergents, tandis l’UE mise sur la prolongation du parc et les SMR pour répondre aux défis climatiques futurs.

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